carnet_repas




Dans son pavillon des faubourgs de Nagasaki, M. Shimura, quinquagénaire célibataire, homme d'habitudes bien réglées, est confronté à toutes sortes de bizarreries domestiques qu'il ne s'explique pas :  des aliments disparaissent de son frigo, des objets sont déplacés. Le perplexité, le doute puis l'inquiétude l'assaillent et se muent en sombre sentiment de n'être plus chez lui.

Il découvre bientôt qu'une femme inconnue s'est installée dans sa maison.

De ce fait divers, Eric Faye a fait dans Nagasaki le récit d'une dépossession où s'entrecroisent l'ébranlement des frontières domestiques et la perte du territoire de l'enfance, l'impossible réappropriation du passé, l'éclatement du rêve des possibles.

"Les objets qu'elle avait laissés en plan,  ce matin, évoquaient une photo retirée trop tôt du bain révélateur. Cette nature morte d'ustensiles avait quelque chose d'Herculanum surpris par les gaz asphyxiants, et elle m'a fait horreur. Par un phénomène d'associations, elle m'obligeait, je ne sais comment à me pencher su mon passé. Tous ces jours dont je ne conservais pas le moindre souvenir...Le 10 octobre 2006, par exemple. Qu'avais-je fait ce jour-là de plus ou de mieux que le 1er mars 2003 ? En météorologue, je cultivais une bonne mémoire des événements du ciel, mais de moi-même, que restait-il ?".








Dessin de Nicolas de Crécy croqué pendant sa résidence à la Villa Kujoyama, à Kyoto,

repris dans l'élégant Esthétiques du quotidien au Japon récemment paru aux éditions du Regard.