Le réconfort de la spirale
Photo de Conor Ashleigh
L'art aborigène australien m'est à peu près totalement inconnu. Mais une amie très chère m'a rapporté un petit dillybag de son voyage, acquis lors d'une exposition, Weaving lives together at Bawaka à la Macquarie University de Sydney, où des femmes de la terre d'Arnhem exposaient leurs œuvres en vannerie. La lecture de la petite brochure éditée à cette occasion est enthousiasmante. D'abord parce que ces artistes expliquent comment pour elles monter des paniers revient à élaborer un récit où couleurs et nœuds sont autant de scansions narratives. Ensuite parce l'une d'elle, Lak Lak Burarrwanga délivre une passionnante vision du temps, au cœur de la figure de la spirale.
"La spirale montre le cycle du temps, nous raconte comment un bébé grandit, comment ses artères et son moi se forment, à la fois à l'intérieur du ventre et une fois qu'il en est sorti. Comment la petite fille devient mère et transmet son savoir à ses enfants : la spirale continue. Comment la femme devient grand-mère : la spirale continue. Et ainsi de suite. Il n'y a pas vraiment de mort, la vie continue de s'enrouler en spirale à travers les générations".
Même si le cycle de vie est une image qui ne nous est évidemment pas étrangère, elle n'est en tout cas pas familière pour représenter la succession des générations promises ici à des proximités réconfortantes que rend impossible la figure de l'arbre généalogique.
Grand merci à Mrs D.