Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Divan Fumoir Bohémien
Le Divan Fumoir Bohémien
Publicité
Archives
Le Divan Fumoir Bohémien
Newsletter
18 janvier 2008

Velours *


Voilà, c'était aussi simple que cela, ce faux mystère, un peu de mauvaise foi. Dans ces pages de garde (allusion aux fameuses galeries bleues des albums de Tintin ? ), sont rassemblées une partie des œuvres présentées ici au fil de la semaine : un musée imaginaire convoqué au service d'une fiction, un jeu du regard.


GARDES_1


Elles  appartiennent à ce magnifique album italien pour enfants  : Velluto, storia di un ladro, une histoire de voleur, une histoire de parfums, une histoire de maison.


Copie_de_velourscouv


L'élégante prose de Silvana d'Angelo, fluide, allusive et poétique, s'y mêle en une alchimie parfaite avec les illustrations d'Antonio Marinoni, au trait  rappelant le style de Pierre Le-Tan.

Marinoni, architecte de formation, a visiblement pris un plaisir extrême à élaborer avec un soin maniaque tout l'ameublement et la décoration de la maison. Le  fourmillement des tableaux, anciens et modernes, de sculptures contemporaines et de meubles de designers italiens et américains n'est pas un vain amoncellement de noms, il crée autour de chacun des quatre membres de la famille un portrait intime, qui double l'intrigue de sombres perspectives,  en décalage avec l'insouciance apparente du texte.

La mise en page du livre est aussi simple qu'ingénieuse. De double page en double page, l'illustrateur déroule la structure de l'appartement : un grand rectangle de neuf pièces  - une cuisine, une salle à manger, un salon, une chambre vide ; un bureau, une pièce fermée, la chambre des enfants, la salle de bains, la chambre des parents - distribuées autour d'un hall central. L'avancée du voleur permet ainsi, à chaque pas, de découvrir une même pièce sous deux angles différents, sans qu'elle soit jamais entièrement livrée au regard, ne laissant deviner que des bribes de la vie des habitants.

L'œuvre est si maîtrisée et si personnelle ( Antonio Marinoni s'est même amusé à intégrer dans ses références les tableaux d'un certain "Romain Antonioni", qui n'est autre que son alias anagrammique) que l'on a réellement l'impression d'entrer dans le livre comme dans un espace autonome, en trois dimensions, où flotte un parfum à nul autre pareil.  Celui du souvenir des maisons heureuses, vous dirait l'auteur.


velourspl1


"Il fait sombre ici, pourtant la lumière serait utile. Je sais très bien où je suis arrivé : dans toutes les maisons que j'ai visitées, il y a toujours une pièce, un angle obscur, où se rassemblent les odeurs secrètes, celles que les étrangers ne doivent pas connaître. Même les rêves éveillés ont leur parfum, et les querelles aussi. Promesses, rancœurs, insultes, caresses laissent leur sillon dans l'air, et je suis l'un des rares à savoir les discerner. Mais en tant que gentleman cambrioleur, je n'en parle pas."




velourspl2












Velours, histoire d'un voleur. Silvana D'Angelo et Antonio Marinoni.
tr. fr. Sophie Royère, Naïve, 2007.

Publicité
Publicité
Commentaires
E
Un jeu de regard si agreable, si libre ... quel plaisir que ces musées imaginaires ! Un vrai coup de coeur !
V
J'ai adoré cette proposition de détails, de plus en plus, pour nous présenter au final ce livre. Un vrai bijou...mais tu es de beaucoup dans cette envie irrésistible!
A
Cela donne envie de le découvrir.<br /> J'ai vu aussi une référence dans la cheminée à un tableau de Magritte. Cet esprit me fait penser aux illustrations d'Antony Browne que j'apprécie beaucoup.
L
Un régal de se promener dans cet album ! merci pour la découverte !!!!
G
Ton joli jeu de correspondances m'a donné la patience de fouiller un peu dans les deux illustrations... J'ai eu l'impression d'être devant un beau livre pour enfants teinté de l'esprit des vanités, et puis un peu des mystères de Magritte. Tu nous a fait patienter mais ça en valait la peine !
Publicité