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Le Divan Fumoir Bohémien
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Le Divan Fumoir Bohémien
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2 novembre 2006

Eloge de l'ombre

Pour la nuit blanche, début octobre à Paris, le Musée d'art et d'histoire du judaïsme a présenté dans la cour de l'hôtel  de Saint-Aignan une installation de l'architecte Antoine Grumbach consacrée au thème de la cabane de Soukkot.  L'oeuvre en elle-même n'était pas remarquable mais le texte qui l'accompagnait vaut d'être cité :

"La cabane que l'on réalise à l'occasion de la fête de Soukkot, en souvenir de la traversée du désert, est aussi une invitation à réfléchir sur l'origine de l'architecture. Les ouvrages anciens de théorie architecturale s'ouvrent tous, en effet, sur la description d'Adam au Paradis. Grotte, tente, structure en bois recouverte de feuillages, construction en pierre appareillée ou non, toutes lse formes d'abris apparaissent ainsi au fil de leurs pages. L'architecte Ledoux au XVIIIe siècle, dans l'un des derniers grands ouvrages théoriques, conçoit la maison primitive comme un arbre et son ombre. L'étude du traité du Talmud consacré à la fête de Soukkot fait découvrir un véritable livre d'architecture : ce texte écrit il y a plus de mille cinq cents ans aborde toutes les questions théoriques de l'architecture : réflexion sur la séparation de la structure et des parois, définition d'un espace, parois virtuelles,  ouvertures en longeur, système de proportion et question de l'échelle. Tous ces points y sont abondamment discutés et l'éventualité de leur détournement y est toujours envisagée.

"La soukkah est une construction éphémère et démontable. Son toit de branchages abrite du soleil, mais doit permettre de voir les étoiles de la nuit. Le souvenir de l 'ombre de la nuée qui protégea les Hébreux dans leur errance est essentiel dans la célébration d ela fête. La qualité de l'ombre fait l'objet de beaucoup d'attention. L'ombre doit toujours être plus importante que la lumière. Au-delà du souvenir de la traversée du désert, la cabane de Soukkot est un piège de lumière où l'éloge de l'ombre manifeste une présence.

"En réalisant cette construction de façon archaïque, avec sa structure en troncs dégrossis, assemblés à mi-bois et liés par des cordes, sa couverture tressée de saule, d'osier, de châtaignier et de palmes, ses parois constitués d'un tissu de lin blanc, comme un châle de prière, le tout édifié sur un tapis de sable, j'ai le sentiment d'avoir pu formuler ma version de la maison d'Adam au paradis, tout en comprenant, grâce au Talmud, que bâtir, c'est avant tout faire de l'ombre. "

grumbachsoukkot2006

grumbach

cabane_soukkot

Cabane pour la fête de Soukkot, Autriche, fin XIXe siècle
Musée d'art et d'histoire du judaïsme

Son décor est traditionnel en même temps qu'il dénote d'une parfaite assimilation de l'artisanat local. Peindre les parois intérieures des cabanes est davantage le fait des régions ashkenazes que sefarades. Les faces de la soukkah sont respectivement ornées d'une vue pittoresque d'un village autrichien, d'un écu où sont inscrits les premiers mots du décalogue et d'un décor floral rappelant la signification agricole de la fête. Le panneau majeur porte une représentation de Jérusalem, d'un genre courant à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, évoquant ses murailles, ses collines, le Dôme du Rocher, la mosquée d'El Aqsa et, au centre, le mur des Lamentations.

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Commentaires
C
le billet de Vanessa, je suis venue relire celui ci et l'ai mieux apprécié. Ce n'est vraiment pas une mauvaise idée que cet envie de partage et de communion grâce à nos écrits.
V
Abrite du soleil mais laisse voir les étoiles, éloge de l'ombre..cette vue de la soukkah est vraiment magnifique,..beaucoup plus poétique que je ne l'imaginais.
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