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Le Divan Fumoir Bohémien
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Le Divan Fumoir Bohémien
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26 novembre 2012

Unseen Versailles

 

 

 

 

versailles jardins deborah tuberville

 

aurelia weingarten in dead leaves deborah turbeville

 

 

 

deborah turbeville statues

 

 

 

 

 

 

unseen versailles allées deborah turbeville

 

 

 

 

unseen versailles appartements deborah turbeville

 

 

 

 

unseen versailles deborah turbeville

 

 

 

A la fin des années soixante-dix, la grande photographe de mode Deborah Turbeville a été contactée par Jacqueline Onassis alors éditrice chez Double Day pour réaliser un beau livre autour du château de Versailles, un Versailles hanté et mélancolique. Ce sera Unseen Versailles aujourd'hui introuvable.

Ce sont ces photos que  Serge Aboukrat montre en ce moment dans  sa minuscule galerie de la place Furstemberg, transformée pour l'occasion en cabinet tapissé d'une juxtaposition de cadres rouillés  reproduisant le dédale des petits appartements privés,  tout en enfilades de cabinets et recoins intimes. Loin des reflets du papier glacé, loin des flambloyances de la galerie des glaces, les images sont mates, éraflées, poudroyantes, entrelacées de textes manuscrits. L'oeil les parcourt dans le désordre comme l'on emprunterait des portes dérobées, en faisant  froufrouter une robe de soie sur les parois d'un couloir étroit et obscur. Contrairement aux indications de l'éditrice qui souhaitait que soient donnés à voir "ces escaliers secrets d'où fusaient commérages et scandales", c'est un Versailles plombé par un silence de mort que nous découvrons. L'agitation de la cour, l'intense circulation qui animait à toute heure les lieux, si bien évoquée dans Les Adieux à la Reine de Benoît Jacquot, n'est plus : ce n'est pas même le sommeil de La Belle au Bois dormant mais la pétrification d'un monde. Les dames entr'aperçues sont à l'image des statues, transformées en gisants marmoréens tandis que poussière et linceuls recouvrent toute chose.

A vrai dire, il est un peu mal aisé d'entretenir une intimité avec cette exposition sous l'oeil du galeriste, si affable fût-il. On rêverait que soit réutilisé le procédé que mirent au point Christian Boltanski et Jean Le Gac dans les années soixante : après avoir transformé en installation un appartement familial laissé vide entre deux locations , ils firent faire des dizaines de doubles des clefs qu'ils envoyèrent avec seulement leurs noms et l'adresse à laquelle se rendre.

Voilà, on recevrait une clef enrubannée, une adresse et une heure et l'on découvrirait la galerie seul la nuit, à la lueur d'un bougeoir.


Là, on se plairait à songer à  l'atmosphère si particulière qui a présidé à l'élaboration de cette série. Deborah Turbeville la décrit très bien dans le petit papier de présentation. Marine Biras avait fabriqué des costumes très proches des originaux, l'un des plus grands maquilleurs de Vogue s'était joint à la partie, apportant avec lui des perruques aux teintes des premières lueurs du jour, des jeunes filles aux traits XVIII e avaient été embauchées tandis que le conservateur exerçait une surveillance et un contrôle des plus sévères.  "Je suis sûre que nous donnions l'image d'une troupe de personnages sortie d'un film de Felllini lorsque nous descendîmes l'escalier principal avec nos airs déjantés de bande desassortie, nos étoffes bigarrées, nos déguisements, perruques et animaux domestiques ", bande entraînée par un bossu claudiquant précédé par des gardes porteurs de candélabres dans un Versailles d'hiver maussade, déserté par les touristes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Deborah Turbeville. Unseen Versailles. Galerie Serge Aboukrat, jusqu'au 30 janvier 2013.

Photos  empruntées ici et .

 

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Commentaires
H
Auriez-vous une date, pour la collaboration Le Gac / Boltanski. L'idée est trop belle...
L
A peine sortie du lit, mon bol de thé à la main, il me semble être encore dans l'état vaporeux du demi-sommeil, quelque part entre le jardin et le labyrinthe du château. <br /> <br /> L' ambiance est magnifique !! Et quel joli texte, fluide et doux...Merci pour ce voyage !
B
J'adore cette vision fin de fastes chargée de drames,tellement décalée à côté de celle du film de S.Coppola et du Versailles flamboyant.<br /> <br /> La beauté est inquiétante, tant dans la statue du Commandeur, que dans les scènes de robes de cour ensanglantées.On retrouve l'atmosphère du film de B.Jacquot qui n'a pas trahi le bouquin de C. Thomas.<br /> <br /> Cela me fait penser à un article paru dans "télégraph magazine"il y a qqs mois (changing rooms), publiant qqs photos de Robert Polidori d'endroits du Chateau avant leur rénovation, extraites de "transitional States".Il y reigne la même désolation fascinante.
C
J'y court, j'y vole. Merci.
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