Etats et empires de la lune
Sur une scène entièrement éclairée à la bougie, en compagnie de deux musiciens, l'extraordinaire Benjamin Lazar nous emmenait en voyage sur la lune, au sommet de son art de la déclamation et de la gestuelle baroques : les paragraphes de l'étonnant roman de Savinien Cyrano de Bergerac, L'Autre Monde, les Etats et Empires de la Lune , devenaient bulles de rêve s'élevant lentement dans l'obscurité , du parterre au paradis.
"La Lune était en son plein, le ciel était découvert, et neuf heures au soir étaient sonnées lorsque nous revenions d'une maison proche de Paris, quatre de mes amis et moi. Les diverses pensées que nous donna la vue de cette boule de safran nous défrayèrent sur le chemin. Les yeux noyés dans ce grand astre, tantôt l'un le prenait pour une lucarne du ciel par où l'on entrevoyait la gloire des bienheureux, tantôt l'autre protestait que c'était la platine où Diane dresse les rabats d'Apollon, tantôt un autre s'écriait que ce pourrait bien être le Soleil lui-même qui, s'étant au soir dépouillé de ses rayons, regardait par un trou ce qu'on faisait au monde quand il n'y était plus. "Et moi, dis-je, qui souhaite mêler mes enthousiasmes aux vôtres, je crois, sans m'amuser aux imaginations pointues dont vous chatouillez le temps pour le faire marcher plus vite, que la Lune est un monde comme celui-ci, à qui le nôtre sert de lune". "