Paris la nuit
"Au coin des rues, des prostituées guettaient ; elles ne sortaient pas une pointe de sein, ne montraient pas un jarretière fleurie, ne s'asseyaient pas sur les genoux des hommes , comme le font les Françaises dans les journaux satiriques de l'étranger ; elles ne provoquaient que par leur immobilité ou leur mutisme, ne vous flattaient en passant que des cils, et leurs lèvres l'une à l'autre collées ne laissaient passer aucun baiser. Les agents en bourgeois se croisaient et leurs promenades désinvoltes répondaient à des itinéraires précis ; ils interpellaient parfois les femmes douteuses, mais quand le coup était franc, ils laissaient faire, comme les conservateurs de chasse permettent le passage de certains gibiers, suivant les saisons". Paul Morand, préface à Paris de nuit, édité en 1933 avec soixante-quatre reproductions de photographies de Brassaï imprimées en héliogravure.