Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Divan Fumoir Bohémien
Le Divan Fumoir Bohémien
Publicité
Archives
Le Divan Fumoir Bohémien
Newsletter
9 novembre 2009

Wallpaper





arthur_rothstein_shorpy

Intérieur et petite fille à la fenêtre, Gee's Bend, Alabama, 1937, par Arthur Rothstein

arthur_rothstein_gee_s_bend



benn_shan_little_rock_1936

Ben Shahn. Little Rock, 1935



"Pendant des années, je ne m'étais jamais demandé pourquoi les murs de la maison de Caroline étaient couverts de papier journal. Elle avait été notre blanchisseuse à une époque et je me souviens être allée plusieurs fois chez elle. Caroline était dehors, dans le jardin, juste un petit carré de terre dure. Avec une grande bassine en fer et un feu en dessous, fumant, où bouillait le linge blanc...
Elle était toujours gentille et m'invitait toujours à entrer. Elle ne s'est jamais excusée pour l'allure qu'avaient les choses. A l'époque, je me disais : comme c'est étrange que Caroline ait mis du papier journal sur ses murs. Je n'étais pas assez maligne à onze ou douze ans pour me dire : qu'est-ce que ce pays qui laisse vivre les gens dans des maisons comme ça et les oblige à utiliser le journal du dimanche comme papier peint ? J'ai honte de ne pas pouvoir vous dire : "Quand j'avais douze ans, j'ai été horrifiée la première fois que je suis entrée dans cette maison". J'ai été surprise, pas horrifiée". "

Témoignage de Diana Morgan dans Hard Times, histoires orales de la grande dépression de Studs Terkel aux éditions Amsterdam.

 

Ce que Diana Morgan, membre de la bonne bourgeoisie d'une petite ville de Caroline du Nord,  décrit comme son aveuglement à la pauvreté extrême est aussi un signe de son aveuglement à la volonté de lutter contre la pauvreté extrême. De nombreux intérieurs pauvres  américains étaient recouverts de papiers journaux, qui constituaient un bon isolant contre le vent et l'humidité. Mais il s'agissait aussi de décorer sa maison  au lieu de se contenter du nécessaire  en choisissant avec soin les plus jolies feuilles, celles avec des photographies ou des bandes dessinées.  Le magnifique quilt sur lequel sont assises les femmes de l'ancienne plantation de Gee's Bend sur la première photo n'est pas discordant avec l'ordonnancement impeccable des feuilles derrière elles et le petit découpage imitant la dentelle au-dessus de la cheminée : du beau malgré tout.

Mettre une image - photographies d'êtres aimés, représentations pieuses, cartes postales - sur un mur pour transformer son logement, si précaire soit-il,  en foyer, c'est une constante universelle, des favelas cariocas aux bidonvilles indiens. 





mineurs_int_rieur_Bertha_Hill_marion_wolcott_1938


Marion Post Wolcott. Intérieur de mineur. Pursglove, Virginie. 1938







Sources,

Mythologie des lucioles

Shorpy

Publicité
Publicité
Commentaires
M
Parler pour rien dire, un de mes talents... Mais la nécessité d'inscrire ici et là "j'aime vos billets dont l'objet est touchant, pour l'âme, le regard. Le plaisir se démultiplie face à la question humaine.
M
Merci pour le commentaire, justement je me disais exactement la même chose sur la beauté de ce papier au mur, tout en me disant que peut-être, ce n'était pas très "politiquement correct" de le penser...
C
même au plus bas de garder sa dignité: il y eut dans ma vie des lendemains incertains et même si je n'avais à servir, à mes 3 filles,qu'une assiette de riz blanc, je leur mettais une jolie table... <br /> J'ai toujours été émue par les magnifiques photos de cette terrible époque; le regard du photographe, sur la misère de notre temps, a t'il changé...ou une certaine décence n'est plus de mise.
M
Le quilt dans la première photo est très traditionnel et ne ressemble pas du tout aux pièces abstraites et asymmétriques pour lesquelles les femmes de Gee's Bend sont connues.
M
"Qu'est-ce qu'un homme sans papiers? Moins qu'un papier sans homme."
Publicité