"Les dépenses d'habillement à Cranford étaient principalement consacrées à l'article auquel je viens de faire allusion. Si les têtes étaient enterrées dans d'élégants nouveaux bonnets, les dames, telles des autruches, ne prêtaient pas attention à ce qu'il advenait de leurs corps. Vieilles robes, vénérables cols blancs, broches en nombre, en haut, en bas, un peu partout ( certaines avaient des yeux de chiens peints, d'autres étaient comme des petits cadres avec des mausolées et des saules pleureurs soigneusement exécutés et des cheveux à l'intérieur, d'autres encore comportaient des miniatures de messieurs et de dames se souriant avec douceur au travers d'un nid de mousseline). De vieilles broches pour un ornement permanent et de nouveaux bonnets pour suivre la mode du jour : les dames de Cranford s'habillaient toujours avec une élégance chaste et appropriée, comme Miss Barker le dit un jour joliment.
C'est avec trois nouveaux bonnets et le plus grand nombre de broches jamais vues ensemble en une seule fois à Cranford que Mrs Forrester, Miss Matty et Miss Pole apparurent en ce mémorable mardi soir. J'ai moi-même dénombré sept broches sur la robe de Miss Pole. Deux étaient négligemment accrochées à son bonnet (l'une était un papillon en galets d'Ecosse, que seule une vive imagination aurait pu prendre pour un vrai), une troisième était fixée à son cache-col, une autre à son col, l'une ornait le devant de sa robe, à mi-chemin entre la gorge et la taille, une autre la pointe de sa pièce d'estomac. Où la septième se trouvait-elle ? Je l'ai oublié mais elle était quelque part sur elle, j'en suis certaine."
Elizabeth Gaskell. Cranford (1851-1853). Ch VII. "Your Ladyship".
Album de Henry Cole. 1850
Victoria and Albert Museum
Broches présentées par les Three Graces