Paris en ballon
Difficile de résister à l'envie de s'arrêter sur chaque plan du Ballon Rouge : Albert Lamorisse fait éclater les couleurs du Paris des années cinquante sur fond de grisaille bleutée, des recoins labyrinthiques de Menilmontant aux larges carrefours haussmanniens. Cinquante ans après sa consécration au Festival de Cannes, le film, de gentille histoire d' amitié entre un petit garçon et un ballon de baudruche, s' est presque mué en documentaire historico-esthétique sur la capitale. Forme des plaques de rue, allure des passants, étals des boutiques, serpillières des caniveaux, alignement des rues, noms des commerces, affiches, murs lépreux, couleurs des immeubles, tout semble faire partie d'une ville désormais engloutie, étonnamment proche des photos en couleur prises à la même époque par Ihei Kimura. Etait-ce déjà un Paris désuet, dont les habitants pressentaient l'imminente disparition ? Un Paris qui avait moins changé en cent ans qu'il ne changerait en deux décennies.
Pour une confrontation saisissante entre le Paris d'avant et d'après les rénovations de Malraux et l'urbanisme pompidolien,
voir la galerie où Piet Schreuders retrace ses promenades sur les pas du garçonnet en 1988 et 1998
Se souvenir que Perec passa et repassa dans ce même quartier pour son projet commun avec Robert Bober,
En remontant la rue Vilin,sur les lieux de son enfance