Souvenir de la guerre froide
"Berlin bleibt doch Berlin" :
titre d'une chanson de Marlène
Dietrich,
détourné pour montrer que le Mur n'empêchait pas la ville de
persévérer dans son être.
Cette boule de neige, je l'ai rapportée de mon premier séjour à Berlin, presque encore enfant au début des années 80. Nous avions d'abord fait un long voyage en train, où l'on nous avait recommandé de ne surtout faire aucun signe aux personnes que nous voyions par la fenêtre. Et c'était étreints par l'angoisse que nous les contemplions derrière le mur qui longeait la voie ferrée. Puis, il y a eu le Mur, le fameux Checkpoint Charlie, la peur d'un aller sans retour et l'impression inoubliable de passer d'un monde en couleurs à un monde en noir et blanc. Une vision qui hantait notre enfance, ce bloc opaque de mystères derrière le "rideau de fer" qui séparait l'Europe en deux. Comme il était facile alors pour un enfant de se figurer le monde. Un vieux monde, qui nous rivait aux guerres passées. Je n'en ai, bien sûr, aucune nostalgie mais je me demande comment les enfants d'aujourd'hui peuvent bien fabriquer des visions stylisées de ce qui m'apparaît comme un chaos.