Pionnier post mortem
En marge de la rétrospective Atget, sur le site Richelieu de la Bibliothèque nationale de France, signalons que Gallica permet de plonger dans le détail de plusieurs albums thématiques , riches de centaines de clichés : six ont été constitués par le photographe lui-même [Enseignes et vieilles boutiques (1899-1902), la voiture à Paris (1910), Intérieurs parisiens, début du XXe siècle, artistiques, pittoresques et bourgeois (1910), les zoniers (1913) - un des plus beaux -, Paris, fortifications (1913), l'art dans le vieux Paris] ; trois par le département des estampes [métiers, boutiques et étalages de Paris (1912), Vie et petits métiers à Paris (1898), Documents pour l'histoire du vieux Paris. (et une partie de sa banlieue), classées globalement par arrondissement et par quartier (env.3200 épreuves)] ; auxquels s'ajoutent les épreuves topographiques de Paris, classées par arrondissement.
Petit détail pratique : cliquez sur le nom de l'album, puis sur l'unique image qui apparaît, attendez quelques instants puis choisissez de préférence la présentation en "chemin de fer". Enfin régalez-vous de ce que Walker Evans appelait l'"intelligence lyrique de la rue" d'Atget.
Ce mode de présentation privilégie le statut originel des oeuvres d'Atget : des "documents pour artistes", comme il les intitulait lui-même, lui qui, après les déceptions d'une carrière dramatique ratée au sein de troupes ambulantes, s'orienta vers la photographie, sans aucune ambition esthétique affirmée, pour fournir de la documentation aux peintres, aux illustrateurs, aux décorateurs, aux architectes, aux éditeurs et amateurs du vieux Paris. C'est après sa mort que son oeuvre a connu une extraodinaire fortune, "découverte" par Man Ray, propagée par les surréalistes, encensée par la Nouvelle objectivité allemande mais surtout propulsée au rang d'oeuvre pionnière par Berenice Abbott, inlassable divulgatrice, qui fit l'acquisition d'un énorme fonds envoyé aux Etats-unis en 1929, deux ans après la mort de l'artiste.
C'est sous les deux aspects du contexte historique et de la fortune esthétique que l'exposition de la BNF entend explorer l'oeuvre d'Atget. Elle fait suite à la belle exposition "Atget, le pionnier" présentée à l'hôtel de Sully en 2000, qui reposait sur la volonté de le dégager de sa gangue documentaire et de sa charge illustrative pour mettre en regard ses épreuves et celles d'artistes ayant directement été influencés par lui (Bill Brandt, Walker Evans, Lee Friedlander, Dieter Appelt, les Becher, Bruno Réquilllart).
Ambassade d'Autriche à Paris, 1910
Allée du jardin de Versailles. Cliché récemment acquis par le Metropolitan Museum of Art.
Impasse des Bourdonnais, Ier arrondissement, 1908.
Zone, près de la porte d'Italie, 1913
chiffonniers, cité Trébert, 17 e arrondissement.
Au Petit Bacchus. 1903
Heurtoir, quai d'Orléans.
Etalage de légumes aux Halles. 1910