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Le Divan Fumoir Bohémien
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15 septembre 2008

Une robe de bal



ballgowngodey_s


"Dans les dernières semaines de juin 1863, tous les journaux de Londres publiaient un article avec ce titre à sensation : « Death from simple overwork » (mort par simple excès de travail). Il s'agissait de la mort de la modiste Mary Anne Walkley, âgée de vingt ans, employée dans un très respectable atelier qu'exploitait une dame portant le doux nom d'Elise, fournisseuse de la Cour. C'était la vieille histoire si souvent racontée. Il était bien vrai que les jeunes ouvrières ne travaillaient en moyenne que seize heures et demie par jour, et pendant la saison seulement trente heures de suite sans relâche; il était vrai aussi que pour ranimer leurs forces de travail défaillantes, on leur accordait quelques verres de sherry, de porto ou de café. Or on était en pleine saison. Il s'agissait de bâtir en un clin d’œil des toilettes pour de nobles ladies allant au bal donné en l'honneur de la princesse de Galles, fraîchement importée. Mary-Anne Walkley avait travaillé vingt-six heures et demie sans interruption avec soixante autres jeunes filles. Il faut dire que ces jeunes filles se trouvaient trente dans une chambre contenant à peine un tiers de la masse cubique d'air nécessaire, et la nuit dormaient à deux dans un taudis où chaque chambre à coucher était faite à l'aide de diverses cloisons en planches. Et c'était là un des meilleurs ateliers de modes. Mary-Anne Walkley tomba malade le vendredi et mourut le dimanche sans avoir, au grand étonnement de dame Elise, donné à son ouvrage le dernier point d'aiguille. Le médecin appelé trop tard au lit de mort, M. Keys, déclara tout net devant le Coroner's Jury que : Marie­-Anne Walkley était morte par suite de longues heures de travail dans un local d'atelier trop plein et dans une chambre à coucher trop étroite et sans ventilation. Le  Coroner's Jury, pour donner au médecin une leçon de savoir-vivre, déclara au contraire que : la défunte était morte d'apoplexie, mais qu'il y avait lieu de craindre que sa mort n'eût été accélérée par un excès de travail dans un atelier trop plein, etc. « Nos esclaves blancs, s'écria le Morning Star, l'organe des libres-échangistes Cobden et Bright, nos esclaves blancs sont les victimes du travail qui les conduit au tombeau; ils s'épuisent et meurent sans tambour ni trompette.»."

Karl Marx. Le Capital, livre I, ch. X.

Première édition française, tr. de Joseph Roy révisée par KM

Voir l'article de Francis Wheen


ballgowngodey_slizzy





Illustrations issues du Godey's Lady's Book

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Commentaires
V
merci, merci, merci pour ce rappel salutaire…
M
Confessions of a Sweatshop Inspector: http://www.washingtonmonthly.com/features/2008/0804.frank.html
M
terrible histoire qui me laisse bouche close, cela n'a rien a voir mais j'ai dans la tête en lisant ce texte une image qui me fascine par sa douceur et son horreur, la " Sainte Agathe" de Zurbaran, je ne sais pourquoi j'y vois une correspondance proche.<br /> merci pour ce spot trés touchant
Z
mais le " chiffon " demande encore aujourd'hui , beaucoup d'heure de travail ,et dans certains pays ,il tue encore ......
C
Etonnante cette histoire...<br /> Merci à toi de nous faire découvrir d'aussi touchantes histoires...
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