Bond bound
Les couvertures dessinées par Michael Gillette pour l'édition du centenaire de la naissance de Ian Fleming chez Penguin Books. (Sortie le 28 mai, jour de sa naissance)
Un style inspiré des génériques des films de Maurice Binder, tout en contraste avec la couverture du premier James Bond, Casino Royale (1953), imaginée par Ian Fleming et louée pour son “exquisite symmetry and absolute chastity”.
Ian Fleming aimait à contrôler l'imagerie de son univers. A la fin des années cinquante, il demanda à Richard Chopping , recommandé à sa femme par Francis Bacon, de dessiner les couvertures des éditions reliées. Pour ces aquarelles en trompe-l'oeil d'une parfaite anglicité, le peintre dut travailler sous la férule d'un Ian Fleming "charming but horrid".
Bangkok Rare Books
En 1957, il commanda à John Mc Lusky le portrait de son héros en vue de la publication en bandes dessinées dans un quotidien. Pour les adaptations cinématographiques, il accepta à regret de voir Sean Connery (ancien camionneur et écossais) incarner sa créature - il lui aurait préféré David Niven - pour ensuite y voir l'acteur idéal, au point d'inventer dans ses romans un père écossais à 007.
"First name: JAMES. Height: 183 centimetres; weight: 76 kilograms; slim build; eyes: blue; hair: black; scar down right cheek and on left shoulder; signs of plastic surgery on back of right hand ; all-round athlete; expert pistol shot, boxer, knife-thrower; does not use disguises. Languages: French and German. Smokes heavily (N.B.: special cigarettes with three gold bands); vices: drink, but not to excess, and women. Not thought to accept bribes Fight with tenacity and has a high tolerance of pain.'" Données issues d'un dossier secret soviétique dans From Russia with Love.
Fleming mourut en 1964, son dernier et treizième ouvrage publié fut Octopussy, en 1966, toujours avec une couverture de Chopping. De son vivant, le succès immense de ses romans avait cependant vite fait émerger un marché de l'édition de poche, sous les auspices de Pan Paperbacks, avec des couvertures d'un style profondément différent, ancré dans l'imagerie populaire des pulps. Au-delà des logiques commerciales, était-il allé jusqu'à façonner leur apparence comme une façon de marquer l'écart entre l'élite et les masses ?
Edition reliée (1960) et édition de poche (1962) de For Your Eyes Only.
Toujours est-il que juste après son décès, les couvertures des poches changèrent de façon radicale, ressemblant davantage aux éditions originales. Le nom du héros occupait désormais presque toute la couverture. James Bond n'avait du reste plus besoin de Fleming pour vivre, d'autres se chargeraient de ses aventures et couvertures.
Bond Bound : Ian Fleming and the Art of Cover Design.
The Fleming Collection, Londres
Jusqu'au 28 juin.
voir { feuilleton }