Carcasses
Il m'a fallu séjourner dans une ferme du XVIIe siècle, démontée et remontée à des kilomètres de son lieu d'origine, pour comprendre tout le génie des maisons alsaciennes. Ce qui paraît être un aimable décor un peu trop coquet, frisant parfois la disneylandisation (cf Riquewihr), est en fait le résultat d'un entretien permanent de structures anciennes. Dans le Sundgau, où de nombreuses maisons remontent au XVIIIe siècle, affleurent souvent entre les bois des murs extérieurs les matériaux du torchis (argile, sable, paille, crin), l'élément mobile des maisons qu'il est loisible de consolider et de repeindre pour faire paraître neuve n'importe quelle bâtisse multicentenaire. Entre le dur et le mou, la carcasse et le remplissage, se nourrit un flot imperceptible de changements dans la continuité : un rapport au passé tout différent que dans les pays de maisons de pierre.
Deux planches issues du célèbre album de Hansi
Mon Village : ceux qui n'oublient pas (Floury, 1913)
qui a contribué à fixer durablement les clichés d'une Alsace éternelle