« IESU NASCENTI VIRGINIQ(UE) MATRI »
Derrière le mur, voici ce qu'il y a : une apparition.
Un îlot de beauté classique et baroque suspendu au-dessus du tissu urbain :
la Chapelle du Val-de-Grâce
Un ex-voto géant dédié à la Vierge par la reine Anne d'Autriche pour
lui avoir accordé
la naissance d'un enfant mâle, le futur Louis XIV,
après vingt-trois ans de mariage.
En remontant la rue du Val-de-Grâce , c'est une très forte impression physique que ressent le promeneur : à mesure qu'il s'en approche, la chapelle lui paraît toujours plus lointaine et inaccessible, comme si elle faisait le vide autour d'elle, comme si elle appartenait à un autre espace-temps. Elle dégage une aura telle que l'on se sent lentement emporté vers l'empyrée en la contemplant. On n'est plus à Paris, mais parmi les anges.
Petit Roi de Grâce, 1643. Gravure anonyme d'après une statuette en bois à l'effigie du Dauphin
Mais c'est tout autant vers les profondeurs infernales que l'on pourrait se sentir ici attiré, car sous l'église se trouve un réseau de carrières aussi dense qu'ancien, haut lieu de l'exploration cataphile où le curieux pourra se frayer un chemin de l'arche perdue au château des cloportes, du pavillon de la reine au puits des bains, avant de gravir le fameux escalier Mansart, s'il ne s'est pas perdu dans les Bermudes.
Toute ville a ses discontinuités, ses seuils secrets, ses frontières invisibles et cette portion-là du cinquième arrondissement est , à n'en point douter, à placer dans la catégorie de ces zones urbaines hors du commun.
Atlas souterrain de la Ville de Paris, sous la direction de Th. Lorieux, ingénieur en chef des mines.
Imprimerie de la préfecture du département de la Seine. 1855