Cannibalisme, mort et fécondité
A l'heure où nous nous apprêtons à
confectionner et à déguster des sablés en forme d'anges, après avoir
décapité quelques Saint-Nicolas et autres Männele, pensons à tous leurs
cousins d'Europe d'anis, de brioche, de pain d'épices, de pâte sablée :
hommes serpents, berger des oies, diables (encore vendus sur les marchés
de Noël de Nuremberg et de Salzbourg), arbres à bébés, mère-bretzel
d'Europe centrale , Lazare sarde, entouré de bandelettes et de vers
faits en pâte, femmes à trois seins, sirènes.
L'ethnologue
Christine Armengaud parcourt l'Europe à la recherche des vieilles dames
qui confectionnent encore ces gâteaux anthropomorphiques, profondément
liés à la conjuration de la mort et à la fécondité. En Russie, au
Portugal, en Pologne, en Andalousie, en Sicile, en Scandinavie, et même
en France, elles sont encore quelques-unes à connaître les modelages
anciens et les manières de faire, à continuer sans bruit à ponctuer
de douceurs énigmatiques l'année liturgique et les grandes étapes de la
vie individuelle.