Une rose du Fayoum
En 1908, l'horticulteur
Pierre-Charles-Marie Cochet écrivit à Georges Schweinfurth, botaniste
allemand spécialisé dans l'identification des restes de plantes trouvés
sur les sites anciens pour le remercier d'un envoi :
"Cher Monsieur,
Bien
que la langue française ait la réputation d'être très riche, je dois
admettre que je ne puis trouver les mots pour exprimer, avec
suffisamment d'intensité, toute ma gratitude pour le paquet que vous
m'avez envoyé, d'un si grand intérêt ! Merci mille fois, monsieur, pour
ces vestiges de rosier qui me sont arrivés en parfait état.
J'ai
reçu de tous les coins du monde des échantillons de rosiers, de plante
et de terre, mais je n'ai jamais éprouvé autant d'émotion qu'en ouvrant
votre petit paquet !"
Schweinfurth était amusé par l"'enthousiasme latin" de son correspondant mais lui-même avait été pareillement excité une vingtaine d'années auparavant quand il découvrit l'archéologie. En 1888, il avait rendu visite à Sir William Flinders Petrie sur le site des premières fouilles du cimetière d'Hawara, dans la province du Fayoum, en basse Egypte. Petrie lui avait alors montré une grande boîte pleine de couronnes de roses et d'autres fleurs trouvées dans les tombes. Percy E. Newberry, collaborateur de l'archéologue anglais, décrivit ainsi la découverte des couronnes :
"Bien que ces vestiges aient été trouvés sous une fine couche de poussière et de sable, ils ont été très bien conservés, ce qui a donc permis une analyse détaillée ainsi qu'une comparaison avec des plantes similaires actuelles. La plupart des fleurs très délicates se sont ainsi gardées en bon étant, sans le moindre dégât. Les roses, par exemple, avaient été évidemment cueillies au stade du bouton, avant éclosion, afin d'éviter la chute des pétales. En séchant dans le cercueil, les pétales se sont recroquevillés et ratatinés de façon à former une boule. Les fleurs s'ouvrent après que leurs tiges ont été mises à tremper dans l'eau chaude, et les organes reproducteurs mâles apparaissent dans un merveilleux état de conservation. Pas une étamine, pas une anthère ne manquent - on pourrait presque dire qu'aucun grain de pollen ne s'est perdu."
Source : Ludwig Keimer, "La rose égyptienne" in Etudes d'égyptologie, IV, Le Caire, 1945.
Restes de couronnes de roses trouvés par Petrie à Hawara, 170 après JC
Herbarium de Kew Gardens.
Portraits trouvés à Hawara
à gauche : 138- 165 après JC. Musée égyptien du Caire
à droite : début II e après JC. Bristish Museum
Photos prises par Petrie à Hawara
Rosa X Richardii ou Rosa Sancta
Rosier ancien dont la culture s'est perpétuée dans les jardins des monastères
éthiopiens avant d'être introduit en Europe vers 1895