La Galante et le Singe
Lillian Williams a conçu depuis son
enfance dans l'Ouest américain une passion pour le XVIIIe siècle
français. Aujourd'hui, dit-elle, elle vit sa vie imaginaire,
entièrement entourée de tableaux, de meubles, d'objets, de vêtements,
de parures, d'ornements de ce siècle. Collectionneuse acharnée, elle a
amassé bien des trésors dans ses diverses demeures, à Paris, sur
l'Ile-Saint-Louis, et au pavillon de Bidaine en Provence. Sa
pièce la plus belle, sa préférée, est un costume complet, gilet,
culotte, veste en soie, fabriqué pour un singe. Sur une maquilleuse en
bois peint, un porte épingles brodé, objet parmi les plus importants du
XVIIIe siècle car les beaux vêtements étaient épinglés chaque matin sur
la personne. Ailleurs, des souliers posés en désordre
sur le sol : compte tenu de l'état des rues d'alors, elle
s'extasie d'avoir pu trouver intacts des exemplaires qui n'ont
rien de luxueux. De manière générale, elle s'étonne de la
capacité des Français à tout conserver, même les housses des fauteuils.
Son extraordinaire collection, Lillian Williams la prête
volontiers aux musées. En 2005, les vêtements qui la composent
ont été pour la première fois exposés dans leur entier au
musée de la toile de Jouy, à Jouy en Josas, à l'occasion d'une
exposition intitulée La Galante. Peu de temps auparavant, elle avait envoyé certaines pièces au Metropolitan Museum pour la très belle exposition Dangerous Liaisons : Fashion and Furniture in the Eighteenth Century,
où, dans les salles françaises du musée, étaient reconstituées des
scènes évoquant la nouvelle érotique de Jean-François de Bastide,
La petite maison. Celle-ci avait également bénéficié d'apports de l'Institut du costume de Kyoto, venus compléter le legs Irene Lewisohn.
Pour ceux qui se prendraient à rêver de porter de tels habits, une commande auprès du trio français de Chenilles et Papillons s'impose.
Mantelet de déshabillé vers 1780
Manteau de robe à dos plissé à l'anglaise, retroussé à la polonaise vers 1780