Il est une partie de l'espionnage qui s'apparente à l'un des beaux-arts : la "déception". Elle consiste à faire croire à l'ennemi à une autre réalité ou à masquer le réel. Il peut s'agir de camouflage à grande échelle, telles les opérations menées par le Magic Gang de l'illusioniste Jasper Maskelyne pour berner Rommel sur la localisation des forces alliées en Afrique du Nord : transformations de simples camions en tanks et vice-versa, fabrication d'équipements factices en tous genres. Il peut s'agir de l'élaboration de faux-vrais documents tel le fameux portefeuille du Major Martin, destiné à leurrer les Allemands sur le véritable lieu du débarquement en Méditerranée. Mais l'art de la déception renvoie aussi à des trucs tout simples comme cette technique enseignée par son instructeur nazi au célèbre agent double Eddie Chapman, dit Agent Zigzag, consistant à disposer, non loin d'une charge d'explosifs installée sur le ballast, un papillon mort sur un rail afin de détourner l'attention.
Ici, tout change de perspective : le détail occupe une part disproportionnée et rien n'est laissé au hasard, même le hasard que l'on s'affaire à mettre en scène.
Illustration de Bertrand Sallé, via Ribambelles et Ribambins.