Emprunts et retours

Dans les années soixante, affligés par la médiocrité du fonds de la bibliothèque publique de leur quartier, Islington , le dramaturge Joe Orton et son compagnon  Kenneth Halliwell s'amusaient à inventer des couvertures décalées pour les livres les plus anodins, à insérer des insanités ou à altérer les illustrations au fil des pages et à coller des faux résumés sur les jaquettes. Un des grands plaisirs d'Orton était de se dissimuler derrière les travées pour observer les réactions outrées des lecteurs. Ils découpaient aussi les planches des livres d'art pour en tapisser leur minuscule studio du 25 Noel Road.

Un employé municipal désireux de confirmer ses soupçons eut l'idée d'envoyer à Halliwell une lettre relative à une demande d'enlèvement de voiture : il n'en possédait bien sûr pas et fut prompt à lui envoyer une réponse  furibonde (se concluant par "Yours contemptuously"). Il ne fut ensuite pas difficile à la police d'établir une comparaison avec les fruits de leurs forfaits, ce qui leur valut d'être condamnés à six mois de prison, sanction particulièrement sévère qu'Orton a toujours attribué au fait qu'ils étaient homosexuels.

Une fausse quatrième de couverture pour un inoffensif roman policier de Dorothy Sayers

Comments

[keepsakes]

I love Joe Orton but it's difficult to forgive anyone for defacing library books.

[Bridget]

Oh, l'inoublable héros de Prick up your ears!

[mob]

so funny

[beth nelson]

joe orton was a hero in my early days in london.

i lived in islington, which then was a place taxi drivers refused to take you !

islington, now gentrified,has bestowed upon joe orton's house a "blue plaque" i believe!

the british do love their eccentric afterall.

[mlle paradis]

Une histoire de "guerilla art"? Ou plutot, "GORilla art!"