Parmi les ravissements que réserve l'exposition Costumes d'enfants, miroir des grands au musée Guimet, les pièces du costume populaire chinois : chaussons à tête de chat, collerettes en forme de tigre, chapeau à tête de tigre ou de chien, destinés à protéger l'enfant.
Selon la tradition, l'âme des enfants n'était pas bien ancrée dans leur corps. Des esprits malveillants, des fantômes insatisfaits - les gui - pouvaient s'en emparer, moments de vacillement manifestés par des colères soudaines, de pleurs, et l'apparition brutale de maladies. Les parents disposaient de tout un arsenal de protection savamment confectionné : amulettes en forme de cadenas pour attacher l'âme au corps, clochettes ou grelots cousus destinés à effrayer les esprits, figuration de tigres, chiens, chats capables de détecter les gui, voire de les dévorer. Mais ils usaient également d'autres stratégies passant par les mots afin de déjouer les mauvaises intentions des démons. Pour feindre le désintéressement, il s'agissait d'employer le moins possible de qualificatifs positifs et de recourir à des tournures impersonnelles. Jusqu'à l'âge de sept ans, l'enfant n'avait pas de prénom en propre mais un "nom de lait", une sorte de surnom volontairement ridicule, tel "petit cochon" ou "chien de printemps" ; les garçons, quant à eux, recevaient des noms de fille pour minimiser leur importance. Le catalogue fait également état d'une ruse, particulièrement élaborée, consistant à collecter à la naissance d'un garçon un petit bout de tissu auprès de chaque famille du village pour assurer une protection collective sous forme de patchwork : c'est la veste des cent familles.
Tout au long de l'exposition, on retrouve cette fonction protectrice du vêtement d'enfant, à l'instar de ces kimonos décorés de trésors - pin, bambou, prunier, grue, tortue - comme autant d'éléments de bonne fortune . Pour ceux qui voudraient acquérir de tels talismans, je conseille vivement la maison Ichiroya.