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Le Divan Fumoir Bohémien
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Le Divan Fumoir Bohémien
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10 mai 2010

Refuges




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Pour édifier leur mythe de la collecte, les frères Grimm eurent recours à plusieurs images issues de la  nature. Ils comparèrent les résidus des mythes anciens intégrés dans les contes  aux petits morceaux d'une pierre précieuse éclatée, éparpillés au milieu des herbes.

Au tout début de leur préface à la première édition (1812) des Kinder- und Hausmärchen,  ils filent la métaphore autour de quelques épis isolés d'un champ de blé :

"Il arrive bien que, lorsqu'une tempête ou un autre malheur envoyé par le Ciel a réduit à néant tout le blé en herbe, un petit coin de champ, à l'abri de petites haies ou de buissons qui bordent le chemin, reste intact où quelque épis isolés sont encore debout. Quand le soleil redeviendra clément, ils continueront  de croitre, seuls et oubliés de tous. Aucune faucille ne viendra les faucher prématurément pour qu'ils aillent remplir de grands greniers. Mais à la fin de l'été, quand ils seront mûrs et pleins, des mains pauvres et pieuses viendront les chercher ; et, après avoir soigneusement noué ensemble les épis posés les uns à côté des autres, estimés bien davantage que ne le sont des gerbes entières, ces mains les porteront chez elles, où , pendant tout l'hiver, ils fourniront de quoi manger, et où ils seront peut-être la seule semence pour l'avenir. C'est le sentiment que nous avons quand nous considérons la richesse de la poésie allemande des temps anciens, et que nous voyons ensuite que, de tant de choses, rien ne s'est conservé vivant, que même le souvenir en a été perdu et qu'il ne reste plus que des chants populaires et ces innocents contes du foyer. Les lieux près du poêle, du fourneau à la cuisine, les escaliers du grenier, les jours de fête que l'on célèbre encore, les chemins qui mènent aux pâturages et les forêts, dans leur silence, et, avant tout, l'imagination inaltérée, sont les haies qui les ont préservés et qui les ont transmis d'une époque à l'autre."


in Jacob et Wilhelm Grimm, Contes pour les enfants et la maison, édités et traduits par Natacha Rimasson-Fertin,
Paris,  José Corti, coll. « Merveilleux », 2009

__________

Détail de la petite édition des contes, Bertelsmann, 1886. Ill. Paul Meyerheim

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Commentaires
L
plantons, plantons et récoltons. Merci pour ce, pour ces billets inspirés.
M
Connaissance et nouveauté, ton billet est tout à fait parfait !
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