14 ans moins 2 mois
A la fin de l'année 1510, je jetai aux orties ma sacoche d'écolier.
Je ne rêvais que de pays lointains et me complaisais dans cette tenue.
C'est là que j'ai commencé à tenir un journal, il fallait que je note tout.
J'avais 24 ans 3/4
Le 2 décembre 1521? pendant la peste d'Augsbourg.
La pelisse à parements de velours et la doublure de martre, la barrette brodée de velours.
29 ans 1/3 et 8 jours.
Le premier juillet 1526, telle était ma vraie figure par derrière car j'étais devenu replet et gros.
J'avais 41 ans
Le 20 février 1538, lorsque je me décidai à prendre femme, le manteau était à parements de taffetas vert.
Dans son Trachtenbuch, Livre des costumes, Matthäus Schwarz, directeur financier de la banque Fugger d'Augsbourg, a élaboré une sorte d'autobiographie à travers ses vêtements mêlant, folio par folio, portraits confiés à Narziss Reiner et commentaires de sa plume à des dates précisant son âge au mois près. Le récit autobiographique était commun dans son milieu de notables d'Allemagne du Sud attachés à célébrer leur réussite sociale à travers l'écrit tout autant que l'accumulation de représentations de soi et de figures familiales. Mais son livre constitue un projet sans précédent : enquête sur une vie à travers l'invention vestimentaire, selon les termes de Philippe Braunstein.
Commencé le 20 février 1520, jour des 23 ans de Matthäus Schwarz, par une plongée rétrospective jusqu'à sa naissance et de ses premiers vêtements - les langes -, le Livre des costumes s'arrête , pour des raisons que l'on ignore, le 16 septembre 1560, avec un portrait en habits de deuil portés pour les obsèques de son maître Anton Fugger alors qu'il était âgé de "63 ans et demi et 25 jours" et qu'il lui restait quatorze ans à vivre : "quelle différence entre cette cent-trente-septième image et l'image 86" conclut-il .
27 ans et 22 semaines
En juin 1524, trois sortes de peaux de Prusse pour les bas et hauts-de-chausses, tout comme ci-dessous, sans pourpoint, mais avec trois chemises différentes. Celui qui est au milieu porte sous le genou une horloge de sable [ sablier ] de huit minutes.
Les traductions des commentaires proviennent du livre de Philippe Braunstein,
Un banquier mis à nu, autobiographie de Matthäus Schwarz, bourgeois d'Augsbourg. Gallimard, 1992.