A partir de l'âge de huit ans, Barbara Johnson, (1738-1825), fille du révérend Woolsey Johnson et de la merveilleuse Jane Johnson, s'appliqua à tenir une sorte de journal de sa vie à travers ses vêtements : sur un livre de comptes - dont on ne sait comment il lui fut transmis -, elle épinglait les échantillons de tissu - avec l'indication du prix, du métrage, du nom de la personnage lui ayant éventuellement offert le tissu, la destination du vêtement - et collait des gravures de mode issues des Pocket Books, petits ouvrages reliés en cuir contenant des pages blanches, mois par mois, utilisées comme agenda, mais aussi des pas de danses, des recettes de cuisine, des énigmes, des petites histoires, des poèmes, des listes de prix et une sorte de guide des dernières modes.
Femme cultivée et gaie, toujours soucieuse de la mode du jour, elle ne se maria jamais mais vécut parmi parents et amis jusqu'à l'âge de 85 ans, marquée par des deuils successifs comme autant de taches noires dans son album bigarré.
Barbara ne fut pas la seule femme de son époque à collecter des memorabilia de sa garde robe. Laetitia Powell habilla vingt-trois poupées, de 1754 à 1832, à son effigie. Une autre dame anglaise, restée anonyme, dessina à l'aquarelle 49 esquisses de robes, de 1784 à 1805, accompagnées d'annotations très fournies. La propre nièce de Barbara, Harriet Dalrymple, confectionna un album de dessins de mode de 1797 à 1799.
L'album, acheté à une vente aux enchères de Christie's en 1973, est aujourd'hui conservé au Victoria and Albert Museum.
Il a fait l'objet d'une édition en fac-similé, aujourd'hui épuisée, chez Thames and Hudson, en 1987. Barbara Johnson's Album of Fashion and Fabrics.Natalie Rothstein, ed.