Poppenhuis
Portrait de la maison de Petronella Oortman par Jacob Appel
En 1686, à l'âge de trente ans, Petronella Oortman, riche veuve d'Amsterdam, épousa Johannes Brandt, marchand de soie. Elle consacra les cinq années qui suivirent son mariage à meubler une maison de poupée, enchâssée dans un meuble richement marqueté, semblable aux cabinets des collectionneurs masculins. Elle passa commande auprès des meilleurs artisans - menuisiers, tapissiers, céramistes, relieurs, peintres, ébénistes, vanniers, marbriers- , dépensant près de 30 000 florins, soit l'équivalent du prix d'une maison grandeur nature sur l'un des plus beaux canaux de la ville.
Cela n'avait rien d'une tocade excentrique. La conception de maisons de poupée était une mode chez les femmes de la bourgeoisie, à l'instar de Petronella Dunois, Petronella de la Court ou Sara Ploos van Amstel.
La plupart de ces maisons étaient des répliques miniatures de la demeure de leur commanditaire. Imaginons donc ces femmes se tenant devant leur poppenhuis, maison dans la maison, pensons à la satisfaction qu'elles ont sans doute ressentie, au-delà de la fierté de l'accumulation collectionneuse, de pouvoir établir une distance de soi à soi, de se tenir dans une position d'extériorité tout en n'étant pas véritablement hors du foyer. Maîtresses de maison(s), à n'en point douter, mais aussi maîtresses d'elles-mêmes.
Détail des étages supérieurs de la maison de Petronella Dunois