Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Divan Fumoir Bohémien
Le Divan Fumoir Bohémien
Publicité
Archives
Le Divan Fumoir Bohémien
Newsletter
30 octobre 2008

Du retable à la pala




niccolo_di_liberatore___vatican

Niccolo di Liberatore
Retable du couronnement de la Vierge
Pinacothèque vaticane.



Les éditions Hazan viennent de rééditer L'homme en perspective  que  le tant regretté Daniel Arasse avait publié en 1979.  Dans cet ouvrage de commande, où alternent pages d'essai et analyse rapprochée des œuvres, il s'attache à montrer toute la modernité des primitifs italiens. Le livre, du style cristallin habituel à l'auteur, est construit autour de la thèse selon laquelle, à travers leurs expérimentations picturales, les peintres du Trecento et du Quattrocento "montrent un homme qui prend progressivement possession de son espace et de son corps  : l'idée de liberté est figurée dans les images avant d'être pensée, avec toutes ses conséquences, dans le texte". L'image précède la mise en mots d'une conscience nouvelle : celle de l'individu perçu comme acteur et créateur du sens humain du monde.

Daniel Arasse isole un moment crucial : la transformation progressive du polyptyque (grand ensemble de panneaux détachables) en pala, panneau unique de grandes dimensions où sont réunis dans un même espace les personnages auparavant juxtaposés.

"Le travail des peintres "modernes" porte sur une meilleure définition des rapports que l'on peut vraisemblablement supposer entre le personnage peint et le lieu qu'il est censé occuper. Dans le polyptyque, c'est d'abord par rapport au cadre que la question se pose. Traditionnellement, la figure occupe le plus pleinement possible l'espace de son panneau ; l'or détermine, sur le fond, une limite immatérielle, et l'encadrement sculpté pose, vers la spatialité profane du spectateur, une limite analogue. Le XIVe et le XVe siècles visent à définir plus précisément la façon dont la figure occupe l'espace qui est supposé se développer au-delà d'un cadre, de plus en plus conçu comme "encadrement" d'une fenêtre ouverte : le personnage s'installe dans un espace tridimensionnel que le geste contribue à dessiner. "

Ainsi dans la pala de Saint Zénon, Mantegna pousse le raffinement novateur jusqu'à lui-même dessiner le cadre,  piliers sculptés redoublant l'effet de profondeur de  l'espace architectural peint.

Le cadre n'est plus limite infranchissable isolant le sacré ; il est frontière, il est histoire.


 

paladisanzeno

Andrea Mantegna, pala de San Zeno, Verone




Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité