Academia
Axel Vervoordt a choisi de mettre en scène à la chapelle de l'école des Beaux-Arts, à Paris, la deuxième partie de sa triologie commencée l'an passé à Venise avec Artempo. Le principe est le même : mélanger œuvres anciennes et contemporaines. Artempo était construit sur le temps et l'espace ; Academia invoque rien de moins que l'académie platonicienne pour "étudier les interactions entre l'héritage académique d'un savoir accumulé au fil des ans, l'éducation, avec la transformation et la transmission ultérieures de ce savoir, pour aboutir à une nouvelle création artistique". Autant vous dire que l'on ne perçoit aucun sens dans le fatras exposé par l'antiquaire, sur fond des plâtres académiques de la collection de l'ENSBA. La plupart des œuvres sont de grande qualité, certaines magnifiques, mais elles sont presque invisibles, tant ce qui justifie leur présence est confus. Une armée de jeunes gens en T-shirt noir est censée vous donner l'interprétation du maître des lieux, mais vous n'entendrez qu'une accumulation de thèmes comme le sacré, le paysage, le corps, le plein et le vide, sans aucune profondeur historique ou recherche esthétique. En fait de travail sur les transmissions, il ne semble y avoir que des rassemblements formels avec même un pan de bibliothèque consacrée aux "œuvres que Picasso aurait aimées". Bref, il serait plus honnête de faire visiter Academia pour ce qu'elle est, un étal de marchand, en marge du salon des antiquaires.
Une œuvre cependant crève les yeux du visiteur. Et pour une raison simple : aux côtés des modèles académiques et des copies d'élèves, elle a pleinement sa place. Il s'agit du Schmerzensmann V sculpté par Berlinde de Bruyckere. Non seulement, il fait écho à l'autoportrait de Michel-Ange en dépouille de Saint-Barthélémy dans la fresque du Jugement dernier reproduite sur un mur de la chapelle, mais il met aussi en jeu l'héritage de la sculpture classique et la tradition des tableaux de descente de croix.
Academia, qui es-tu ?
Chapelle de l'école nationale des Beaux-Arts, Paris
Jusqu'au 23 novembre 2008