De l'art de cacher les vêtements dans les murs
Ceci est ce qui reste d'un pourpoint du XVIIe siècle, trouvé caché dans les murs d'un magasin de pompes funèbres à Reigate, dans le Surrey. Il prend place aux côtés de toutes sortes de pièces d'habillement (chaussons de bébé, tricornes et feutres divers, corsets, col de costumes marins, bonnets d'enfant, étoffes ) collectées à la faveur du Concealed Garments Project, lancé en 1999 par le Textile Conservation Centre de l'université de Southampton. Toutes semblent se rapporter à une pratique en cours depuis le Moyen-âge consistant à cacher des vêtements à l'intérieur de caches creusées dans les murs, en guise de talismans pour protéger les foyers.
Pour les historiens du costume, ces trouvailles sont des trésors inestimables : les vêtements de la Renaissance ou même du XVIIe siècle conservés jusqu'à nos jours sont ceux des plus riches. Là, ce sont au contraire les vêtements les plus humbles, portés et usés jusqu'à la corde, qui s'offrent à leurs investigations, recouverts de la poussière des siècles et de la crasse du labeur. C'est presque à partir d'une boutonnière que Sue Stanton, conservatrice à l'Ashmolean Museum, a pu reconstituer le pourpoint dont il ne restait que des lambeaux, à la manière d'un Cuvier déduisant tout un squelette d'une seule dent. Là le fil d'un ourlet, le début d'une couture, le tissage grossier du lin, le fragment d'un emmanchement, les restes d'un lacet sont plus précieux que les broderies aristocratiques d'un pourpoint de duc ou de comte.
Via Scribblingwoman