Stravagante
Giovanni Paolo Schor. Lit de parade pour Marie Mancini, princesse Colonna, 1663,
estampe conservée à la BNF
"A la fin de quarante jours, que je relevais de mes couches, il falloit me disposer à recevoir visite du sacré collège, des princesses et d'autres dames de la ville et, pour le pouvoir faire avec toutes les formalités requises, je me mis dans un lit qu'on m'avait préparé pour les premières couches, et qui me servit cette fois-là, et dont la nouveauté, aussi bien que la magnificence causa une admiration générale.
C'étoit une espèce de coquille qui semblait flotter au milieu d'une mer, si bien représentée, qu'on eut dit qu'il n'y avoit rien de plus véritable, et dont les ondes lui servait de soubassement. Elle étoit soutenue par la croupe de quatre chevaux marins, monté par autant de sirènes, les uns et les autres si bien taillés et d'une manière si propre et si brillante d'or, qu'il n'y avoit pas des yeux qui n'y fussent trompés et qui ne le crussent de ce précieux métal. Dix ou douze Cupidons étoient les amoureuses agrafes qui soutenoient les rideaux d'un brocard d'or très-riche, qu'ils lassoient pendre négligemment, pour ne laisser voir ce qui méritoit d'être vu de cet élégant appareil, servant plutôt d'ornement que de voile."
La Vérité dans son jour, ou les véritables mémoires de M. Mancini, connétable Colonne
cités par Alvar Gonzalez-Palacios dans son article "Meubles précieux"
in Le XVIIe siècle, sous la direction de Joël Cornette et Alain Mérot. Seuil, 1999.