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Le Divan Fumoir Bohémien
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Le Divan Fumoir Bohémien
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21 juin 2007

Diptyques

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Préparée pendant près de dix ans par  la National Gallery of Art de Washington, le Koninklijk Museum voor Schone Kunsten d'Anvers et les  musées de l'université d'Harvard, l'exposition Prayers and Portraits : Unfolding the Netherlandish Diptych  a été l'occasion pour plusieurs équipes de chercheurs de mener des études approfondies sur de nombreux diptyques  flamands du XVe siècle et du XVIe siècle.

S'il est clairement établi que la popularité grandissante de ces peintures sur panneaux doubles (le mot "diptyque" ne date que du XVIIe siècle) dans la seconde moitié du XVe siècle est liée à l'essor de la Devotio Moderna, un courant théologique né aux Pays-Bas, qui mettait au centre de la foi la méditation et la figure d'un Dieu humain, les  usages dévotionnels qui leur sont liés restent encore peu connus. Un examen fin des cadres a permis de mieux comprendre leurs différentes dispositions : certains étaient repliés dans des pochettes de précieux tissus comme des livres de prières, d'autres suspendus à des chaînes, d'autres encore accrochés. Les radiographies ont par ailleurs mis au jour l'importance des interventions des commanditaires dans le dessin même des tableaux et leurs stratégies de promotion sociale à une époque où marchands et banquiers tendaient de plus en plus à imiter les pratiques de la noblesse. Un marché de l'art florissant et des guildes de peintres très structurées ont aisément soutenu cette demande sociale : il suffisait souvent d'ajouter un portrait à une scène religieuse déjà peinte, produite plus ou moins en série, pour former un diptyque. Ces recherches, plus techniques que théoriques, ont également permis de réunir des paires dissociées depuis fort longtemps par les vicissitudes des ventes, de mettre en évidence de faux appariements ou de découvrir des fragments d'ensembles plus grands.

 


memlingnieuwenhove

             HOC OPUS   FIERI DEIT MARTINUS DE NEWENHOVEN ANNO DM 1487  -   AN° VERO ETATIS SUE 23


Chef d'oeuvre d'Hans Memling, le diptyque représentant Marteen van Nieuwenhove et la Vierge à l'enfant a la particularité d'avoir conservé son cadre  et ses gonds intacts. Ils sont décisifs dans cette composition où les deux panneaux sont unifiés dans un même espace, alors que la plupart des diptyques juxtaposaient auparavant deux espaces de nature différente où personnages saints et personnages profanes étaient mis à distance l'un de l'autre. Cette cohérence spatiale n'est peut-être pas évidente au premier regard du fait de la séparation verticale des montants  mais l'oeil saisit assez vite la continuité. La Vierge apparaît à Marteen dans une des pièces de sa demeure : son manteau rouge s'étend jusque sous le livre de prières et les bras reposent sur un même tapis oriental.

Mais surtout un miroir convexe renvoie le reflet des deux personnages et laisse entrevoir leur proximité -  Marteen est agenouillé de profil, à côté de la Vierge assise. Le spectateur dispose d'une vue complète de la pièce en un seul coup d'oeil. Qu'aperçoit-il dans le fond ?

 

memlingnieuwenhovemiroirdetail

Deux fenêtres. Vertige : il se rend compte alors que les cadres des deux tableaux  figurent les encadrements des fenêtres au travers desquelles la scène est vue. Le cadre fait corps avec l'image : l'espace du tableau et l'espace représenté se confondent. Qu'advient-il lorsqu'on referme le diptyque ?


Source : Prayers and Portraits, Unfolding the Netherlandish Diptych. Catalogue de l'exposition. Yale University Press.

 


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Commentaires
U
Lovely, especially the illusion in the last one!
B
Mais que font les tableaux quand on ne les regarde pas?<br /> Somptueux article!
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