Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Divan Fumoir Bohémien
Le Divan Fumoir Bohémien
Publicité
Archives
Le Divan Fumoir Bohémien
Newsletter
24 janvier 2007

Jacques Hondelatte, architecte du merveilleux

A l'occasion de la publication des deux volumes d' Extra-Muros, architectures de l'enchantement, de Patrice Goulet et Brigitte Borsdorf ( Cité de l'architecture et du patrimoine/Editions Archibooks), mon attention a été attirée par les réalisations de l'architecte Jacques Hondelatte, mort en 2002, marquées par une imagination jubilatoire. Il est en particulier  le père,   avec le groupe Epinard Bleu, de la notion d' " objets mythogènes "   destinés à peupler des lieux aussi divers qu'une mairie, une   station thermale ou des logements collectifs. Parmi sa trentaine d'oeuvres, en voici deux spécialement réjouissantes.

L'appartement Cotlenko ou une caverne d'Ali Baba moderne


du_002_jh_cotlenkocruault

Rien ne distingue ce petit immeuble du quartier des Chartrons à Bordeaux. Pourtant, dès qu’on pénètre dans l’appartement  du premier étage, la surprise est grande. A gauche, on trouve un grand salon typiquement néo-baroque XIXème, aux murs et  aux plafonds moulurés avec cheminée de marbre, et, à   droite, une sorte de jardin d’hiver (une ancienne cour couverte) au plafond des années 30, baigné d’une lumière égale et merveilleuse. Cette enfilade d’espaces - le salon  bourgeois, le hall d’entrée exotique, le jardin d’hiver-  aboutissent sans prévenir à un grand et très simple  volume caractérisé par la présence d’objets  inattendus qui semblent avoir atterri là comme par hasard, mais néanmoins avec précision et exactitude. Là, un long plan de travail qui s’écarte du mur auquel il s’adosse ; ici, une cage de verre qui perfore sol et plafond dont on comprend immédiatement  qu’elle renferme l’ascenseur qui relie comme une broche tous  les étages dont elle révèle la présence. Là  encore, un volume biseauté jaillit du rez-de-chaussée pour  mieux y conduire. Il contient un escalier qui, d’un trait, descend  vers un espace dont on ne sait s’il s’agit d’une cave (mais  il y a trop de lumière) ou du vrai niveau du sol (mais alors, pourquoi  la pièce du haut donne-t-elle sur un jardin) ? Dans l’ascenseur, trois boutons indiquent les étages qu’il   dessert : 22, 45, 67. Ainsi quand on le prend pour gagner ce qui n’est, bien entendu, que le rez-de-chaussée ou le second étage, on peut s’imaginer grimper au ciel comme dans un gratte-ciel ! Toute  l’architecture de Jacques Hondelatte est dans cet artifice. Changer ces chiffres ne coûtait rien, mais l’effet était foudroyant : ainsi, les actes les plus insignifiants peuvent-ils introduire le “  merveilleux ”.

Cet appartement est magique comme une caverne d’Ali-Baba où se télescoperaient styles et périodes. Cas rare, ce n’est pas seulement l’espace qui est étonnant, mais aussi les objets qui ont trouvé ici leur place, sculptures, tissus, vanneries venus   d’Afrique et d’Extrême-Orient, choisis avec un goût  très sûr par le propriétaire.

Une visite plus approfondie conduit au rez-de-chaussée, auparavant un chai, qui joue, aujourd’hui, parfaitement son rôle de coulisses,  transformé et rendu habitable par quelques micro-interventions,  alors que subsiste l’impression que rien n’a changé.  Les murs n’ont pas perdu leur tanin simplement fixé par une  couche de vernis mat, de grandes plaques de métal y introduisent des lueurs inattendues (elles cachent des locaux techniques et guident vers l’ascenseur dont la cage, en verre, attrape la lumière de l’étage supérieur). La lame de l’escalier, sans contremarche, laisse apercevoir le jardin bas créé  par la démolition d’une section de la dalle soutenant le jardin suspendu qui prolonge le séjour.
L’état des lieux après travaux est si naturel que personne  n’imagine une seconde qu’il a fallu tailler dans la masse pour  mettre à nu ce diamant. Il faut remonter le temps pour comprendre ce qu’Hondelatte a réussi ici, se souvenir des lieux tels   qu’ils existaient, sombres et clos, pour apprécier son habileté.  Sans la faille taillée dans la dalle de béton qui avait  remplacé la toiture du chais, le rez-de-chaussée seraittoujours une cave ; sans la démolition des cloisons côté  cour, jamais le soleil n’aurait illuminé l’enfilade des  pièces.

in Extra-muros n°003. Institut Français d'Architecture. Exposition « La caverne d’Ali-Baba », Institut Français de Düsseldorf.


Les dragons de Niort


dragon1

Christian Goubet

A Niort, en 1992, pour empêcher les voitures de stationner dans le centre-ville commerçant, il imagine quatre dragons dont la queue serpente sous l'asphalte.


Publicité
Publicité
Commentaires
P
j'ai eu le plaisir de participer avec jacques hondelatte a la construction de l'ecole rue goubet j'ai aimé sa creativité son ecoute de mes modestes conseils concernant la bibliotheque exterieure de cet etablissement qui nous a valu d'interressantes visite chez des constructeurs de peniche
E
Il ya de nbses années j'ai vu une chaise du groupe épinard bleu j'aimerai la revoir! mais ou?on pouvez la tourner ds tous les senses c'était tjs une chaise .merci de me dire si je peux la revoir quelque part
M
Bonsoir, <br /> <br /> Je suis enseignant retraité originaire des Ardennes et j'ai une grande admiration pour cet "architecte du merveilleux"qu'était Jacques HONDELATTE trop tôt disparu le 2 février 2002 à Bordeaux.<br /> Je souhaiterais savoir où repose cet "agitateur d'idées", père de la notion d'objets mythogènes.<br /> A-t-il été incinéré? Que sont devenues ses cendres?<br /> Je vous remercie pour la réponse. <br /> Bien cordialement.
S
Un vrai fou... au bon sens du terme.<br /> <br /> Pas un architecte (il a d'ailleurs peu construit et cela se comprend) mais un homme trop stressé par la vie. <br /> <br /> J'ai eu la chance de l'avoir également en tant que prof, et malgré sa mauvaise foi légendaire, j'ai beaucoup appris sur la vie grace a ses cours (et pas sur l'architecture...)....
Y
J'ai connu ce Monsieur...et travaillé sous sa direction dans un de ses ateliers étudiants....le dernier avant sa mort tragique.<br /> Peu de mots pour décrire un homme extraordinaire, pragmatique obsessionnel, et surtout, engagé.<br /> Peu de demi-mesures, une trés grande habileté, dans l'impertinence et l'ironie exacerbée jusqu'au cynisme....<br /> Quelques années auparavant, sans trop le connaitre, je le pensais fou, aujourd'hui j'en ai la certitude!!!!!!<br /> <br /> Pour info :<br /> -les dragons de Niort sont nés de legendes locales du XVIIIè siècle, légendes des monstres échappés de la Sevre....<br /> -les poteaux venitiens sont une allusion à la proclamation de Niort en capitale de la "Venise verte".....<br /> Il y a les goûts et les couleurs, les coûts et les douleurs, mais on ne peut contredire l'histoire et ses faits.......
Publicité