Rivière des parfums nous invite au musée des oratoires à Ouro Preto.
Au cœur de la superbe ville baroque d’Ouro Preto, ancienne capitale du Minas Gerais brésilien, se dresse sur une esplanade plantée d’arbres l’église Nossa Senhora do Carmo. À ses côtés, un petit édifice blanchi à la chaux, l’ancien noviciat de l’ordre des Carmes, transformé depuis 1998 en musée, abrite l’étonnante collection d’oratoires qu'Angela Gutierrez a rassemblée depuis son enfance.
Sitôt la porte poussée, on découvre grâce à une muséographie remarquable la variété des oratoires brésiliens insérés dans le quotidien des hommes et des femmes dont ils reflètent la foi et les croyances. Les oratoires sont des sortes d’armoires ou de niches, dans lesquelles on plaçait des images ou des statues de saints ou de la Vierge, mais aussi des reliques ,des objets de piété, qui offrent à leur possesseurs une protection et les introduisent dans l’intimité du sacré. On les trouve partout : sur les lieux de travail, aux carrefours et aux coins des rues, sur les façades des maisons, les porches et les balcons. Ils sont alors au centre de cérémonies collectives organisées par les confréries de fidèles noirs ou blancs, esclaves ou libres, nombreuses au Minas Gerais. Mais on les retrouve aussi au sein des espaces privés, dans l’intimité des maisons, casa grande ou senzala, maison de maître ou quartier des esclaves. Ils jouent un rôle important dans les manifestations de la piété féminine, autour des figures de la Vierge et de sa mère, Sainte Anne, souvent représentée enseignant la lecture à sa fille. Enfin, des oratoires portatifs étaient également utilisés pour les voyages.
Les oratoires domestiques se trouvaient dans les différentes pièces des maisons. Les oratoires populaires utilisent des motifs baroques ou rococo en les réinterprétant et en usant de couleurs vives et contrastées. Les oratoires afro-brésiliens mélangent les saints catholiques protecteurs des Noirs - Saint Georges ou Sainte Iphigénie - et les images du candomblé. Les oratoires érudits des salons s’inspirent de modèles européens et sont parmi les rares œuvres dont on connaisse les auteurs. Il faut faire parmi eux une place à part à ceux qui utilisent des coquillages, ainsi le maître Xavier das Conchas, qui travaille à Rio au 18è siècle. Les oratoires de crèche, inspirés des crèches napolitaines, sont liés, à la fin de ce siècle, à la dévotion au Bon Jésus de Matosinhos, très répandue dans le Minas Gerais. De style rococo, ils se composent de deux registres superposés : dans la niche du haut, on place le Calvaire, dans celle du bas, on voit la crèche de Noël. Les images de petite taille sont finement taillées dans la calcite, une pierre semblable à l’albâtre.
Le musée fait partie d'une galaxie plus large, l'Instituto Flavio Gutierrez, qui comprend également une collection de figurines et statues de Sainte Anne et le musée des arts et métiers de Belo Horizonte.
Oratoires de salon
Oratoires afro-brésiliens
Oratoires de chapelles domestiques
Oratoires de conchas
Oratoires lapinhas
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