A la Biennale des Antiquaires, au Grand Palais, loin de la pompe des stands de Bernard Steinitz, Ariane Dandois ou Didier Aaron, le jeune marchand munichois Georg Laue exposait pour la première fois sa Kunstkammer. Historien de l'art de formation (il a notamment contribué au catalogue de l'exposition Mélancolie), fils de marchand d'art, il s'est fait une spécialité de tout ce qui touche aux cabinets de curiosité de la Renaissance au XVIII ème siècle.
Dans sa boutique de la Schellingstrasse, entre l'ancienne et la nouvelle pinacothèques, il expose, dans une disposition volontairement ouverte aux passants, meubles et objets issus des plus belles Wunderkammern, aujourd'hui dispersés. Il se dit particulièrement soucieux de replacer ces artefacts dans leur contexte historique, avec une insistance particulière sur les univers mentaux qui les ont vu naître. Parfois même, il organise des concerts de musique de la Renaissance dans ses murs. Là, tout s'ouvre aux jeunes collectionneurs de collections qu'il souhaite attirer. Et les somptueux catalogues qu'il a consacré aux pièces tournées, aux scientifica, aux pièces d'ambre (sujet de sa thèse), aux memento mori ne font que renforcer la beauté de ses objets.
Dans les mondes idéaux que constituaient les cabinets de curiosité, art et science, naturalia et artificialia coexistaient comme deux aspects inséparables de la connaissance, sous-tendue par un profond besoin de merveille, dans un subtil mélange de savoir, de plaisir et de découverte. C'est également comme un teatro mundi que Georg Laue conçoit sa Kunstkammer, dont les éléments se renouvellent, en perpétuel mouvement, à rebours de la mécanique accumulatrice du collectionneur. Et là, je n'aurai pas besoin, comme l'ambassadeur de l'empereur Rudolf II en Espagne, de commander une aquarelle pour représenter les objets convoités.